jeudi 22 mars 2018

Ce qu'a inventé Gutenberg

Vers 1450, un orfèvre allemand, Johann Gutenberg, met au point une invention qui va révolutionner le livre et favoriser la circulation des idées nouvelles qui apparaissent en Europe aux XVe et XVIe siècle. S’il n’a pas inventé l’imprimerie, quelle a été l’invention de Gutenberg ? 
 
Gutenberg n’a pas inventé le livre
Au début de notre ère [entre le IIe et le IVe siècle], la forme du livre change. Du volumen (rouleau de papyrus), elle passe au codex, assemblage de cahiers cousus ensemble, prenant ainsi l’aspect qui nous est encore familier. D’un maniement plus facile que le rouleau de papyrus, qui nécessite d’être tenu à deux mains, d’un stockage plus aisé et moins encombrant (il voyage plus facilement), le codex présente l’avantage de supporter l’écriture au recto et au verso. […]
Le rapport de l’homme au livre s’en trouve modifié, fixant des usages dont nous sommes les héritiers, principalement dans l’organisation des textes : foliotation [numérotation des pages], division en chapitres, titres, tables des matières, séparation des mots […].
Le triomphe de cette nouvelle forme du livre est lié à l’emploi d’une autre matière première, […] le parchemin [peau d’animal préparée pour l’écriture].


Bruno Blasselle, A pleines pages - Histoire du Livre, Volume 1, Collection Découvertes, Gallimard, 1997, p. 16-17



Quelle est la nature de ce document ?
A quelle époque apparaît le livre dans sa forme actuelle ?
Quel nom latin lui donne-t-on ?
Sur quel matériau écrit-on ?
Comment se présentaient les livres avant ?
Quels sont les avantages du codex par rapport au rouleau de papyrus ?
Quels changement l’apparition du codex apporte-t-elle dans l’organisation du texte ?
Retrouves-tu ces changements dans la manière dont est organisé ton manuel d’histoire-géographie ? 


Ce qu'il faut retenir : la forme actuelle du livre (codex de parchemin) se généralise entre le IIe et le IVe siècle. Elle modifie la présentation du texte (numérotation des pages, table des matières, chapitres…) et la manière de lire.

Le travail du copiste au Moyen-Âge
Copier des livres fait partie des devoirs des moines […]. Le copiste écrit sur un écritoire posé sur ses genoux. […].
Ce n’est qu’à la fin du XIIIe siècle que la table à écrire apparaît.
[…] un moine pouvait transcrire une ou deux pages […] par jour.


C. Robin, Le livre et l’édition, collection Repères, Nathan, 2003, p. 7.


Comment étaient réalisés les livres au Moyen-Age ?

Ce qu'il faut retenir : jusqu'à l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles, les livres sont copiés à la main et appelés manuscrits, en général dans les monastères.

Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie
Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie, même occidentale. Avant lui, on imprimait dèjà des gravures, des légendes d’illustrations, peut-être des livrets, mais avec une mauvaise encre, des caractères irréguliers, sur un seul côté des feuilles, sans presse efficace, […] donnant des impressions médiocres, lentes, peu nombreuses.
Il fallait reprendre tout cela à la lumière de la nouvelle intuition [de Gutenberg] et avec l’application de moyens métalliques. […] Il fallait aussi fabriquer une bonne encre, brillante, ne transperçant pas le papier […] Pour une telle œuvre, […] un homme n’aurait pu suffire. Gutenberg s’est donc entouré pendant des années de gens susceptibles de l’aider à réussir, fondeurs, orfèvres, financiers, calligraphes, artistes spécialistes du livre et même latinistes et religieux.

D’après Guy Bechtel, Gutemberg, Fayard, 1992


Quelle est la nature de ce document ?
Quelles sont les améliorations apportées par Gutenberg à l’impression des livres ?
A quoi pouvaient servir les différents métiers cités ici ?


Ce qu'il retenir : l'imprimerie existait avant Gutenberg, mais ses productions étaient limitées et de mauvaise qualité.

Johannes Gutenberg (1397-1458)
Né à Mayence, en Allemagne, Gutenberg révolutionne l'univers de la chose écrite en inventant l'impression à caractères mobiles. Auparavant, on utilisait de petits caractères de bois dont la fabrication et la manipulation étaient longues et fastidieuses. A l'origine, Gutenberg était orfèvre de profession. C'est ainsi qu'il eut l'idée d'utiliser du métal pour couler des caractères réutilisables. Il rencontra de nombreuses difficultés, financières d'abord puis techniques. En effet, le plomb pur ne convenait pas car il était trop mou. Il mit donc au point un alliage composé d'antimoine, d'étain et de plomb.
Mauvais homme d'affaire, Gutenberg se fit voler sa découverte et mourut dans la misère alors que ceux qui s'inspirèrent de sa technique faisaient fortune.

http://ecoledesarts.free.fr/plume/gutember.htm


L’imprimerie à caractères mobiles
Le procédé de la typographie qu’inventèrent à Mayence vers 1450 Jean Gutenberg et les chercheurs de son temps repose sur […] un procédé d’imprimerie à caractères mobiles métalliques, que le compositeur peut assembler à sa guise. La technique de l’imprimerie à la main peut se résumer en trois éléments :
- les caractères mobiles en métal fondu (alliage étain + plomb + antimoine) ;
- l’encre grasse (moins fluide que celle des copistes) ;
- la presse à imprimer, imaginée sur le modèle des pressoirs à vis employés par les vignerons rhénans.
On obtient les caractères en gravant la lettre en relief sur un poinçon d’acier qui est frappé en creux dans une matrice de cuivre. Celle-ci est placée dans un moule où on coule l’alliage de plomb. D’où des séries de lettres absolument identiques. Le compositeur prend les caractères dans la casse et les dispose dans le composteur d’après le texte qu’il lit sur le visorium placé au dessus de la casse.
L’imprimeur place la forme, c’est-à-dire l’ensemble des pages disposées de façon à être imprimées en même temps sur la surface horizontale du marbre. Il tient la balle de crin avec laquelle il encre la forme, puis amène celle-ci sous un plateau mobile sur un axe vertical, la platine, qu’il fait descendre d’un coup de barreau, afin de presser la feuille qui reçoit alors l’empreinte des caractères.

http://www.fondationbodmer.org/fr/histoire.asp/2-0-99-4-4-1/


Quelle est la nature de ces documents ?
Quel était son métier ?
Quels matériaux avait-il donc l’habitude de travailler ?
Quelle a été sa principale invention ?
Quels sont les trois éléments qui ont permis cette invention ?
Gutenberg a-t-il profité de cette invention (justifie ta réponse).


Ce qu'il faut retenir : Gutenberg est un orfèvre (bijoutier) allemand. Il invente l'imprimerie à caractères mobiles qui repose sur trois innovations : les caractères mobiles en métal, la presse à imprimer et une encre grasse. Pour mettre tout cela au point, Gutenberg s'entoure de nombreux professionnels.

Extrait d’une lettre d’Enea Silvio Piccolomini au cardinal de Carvajal le 12 mars 1455
Sur cet homme étonnant vu à Francfort, on ne m’a rien écrit de faux. Je n’ai pas vu de Bibles complètes, mais un certain nombre de cahiers de cinq feuilles des différents livres [de la Bible], d’écriture très nette et très correcte, nulle part fautive, que ta dignité aurait lus sans peine et sans lunettes. […] Je m’efforcerai, si c’est possible, de faire venir une de ces Bibles à vendre et je l’achèterai pour toi.

Quelle est la nature de ce document ?
Cite-t-il le nom de Gutenberg ?
Comment se présentent les livres qu’il a vus ?
Quels avantages trouve-t-il au livre imprimé ?


Ce qu'il faut retenir : le premier livre imprimé par Gutenberg est une Bible. L'imprimerie à caractères mobiles permet une écriture régulière, propre, et très lisible.

La Bible de Gutenberg
Le premier livre imprimé, vers 1450, est une Bible en latin, qui ressemble encore beaucoup à un manuscrit du Moyen-Âge : par ses dimensions (62 cm sur 42), l’emploi de lettre gothiques et du latin, l’impression en deux colonnes, les décors et lettrines rajoutés et peints à la main, l’usage du parchemin (170 peaux de moutons par volume), et l'absence de page de titre.

Livre imprimé au début du XVIe siècle
Les changements sont nombreux. De format plus petit, imprimé sur papier, le livre reste très lisible. La première page comporte le titre et l'auteur.Il est rédigé et imprimé en Français, sur une seule colonne, avec des notes dans la marge.
La lettrine demeure, mais elle est imprimée et non réalisée à la main. La grammaire et l'orthographe se mettent en place.